Le Plan National (Congolais) du Numérique en résumé


Le Plan National du Numérique (PNN) de la R.D.Congo a été mis à la disposition du public au début du mois d’août 2019. Ce post s’adresse particulièrement aux personnes qui aimeraient en connaître le contenu mais qui pour diverses raisons n’ont pas eu le temps de le lire.
Ce document de 55 pages matérialise la vision du président congolais qui veut faire du Numérique congolais un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social.
Le plan de ce post est le suivant :

  • Résumé du PNN
  • Quelques considérations sur les points forts du document 
  • Données intéressantes fournies par le PNN 
  • Quelques doutes qui ont surgi au fil de ma lecture 
  • Citations


Couverture du Projet du Plan National du Numérique

1. Résumé 


Le PNN présente la stratégie de développement numérique à l’horizon 2025. Il est axé sur 4 piliers stratégiques à savoir les infrastructures, les contenus, les usages applicatifs ainsi que la gouvernance et régulation.

Le plan national du numérique (draft 0) est doté d’une introduction, de trois chapitres et des appendices :

 - L’introduction donne un aperçu des opportunités que pourrait offrir le numérique au Congo ainsi que les défis à surmonter pour faire de notre pays une nation moderne et performante.

- Le premier chapitre présente la méthodologie adoptée pour l’élaboration du PNN. Ce document capitalise les efforts antérieurs de diagnostic de la situation du numérique congolais. L’approche suivie a été participative avec de nombreuses consultations et des journées de travail intense avec des experts, des opérateurs de télécommunication, la société civile, le large public professionnel, des entrepreneurs, le corps académique et scientifique et la liste continue.
- Le second chapitre décrit l’état des lieux du secteur numérique congolais. Je trouve que c’est la partie la plus complète du document. La présentation de la situation actuelle qui y est faite est réaliste et lucide.
Un aperçu y est donné sur l’existant ainsi que les défis dans des domaines comme l’infrastructure, les systèmes d’information, le marché de la téléphonie mobile, et la couverture électrique.
En mentionnant les usages applicatifs, le PNN aborde le cas de la santé numérique. Le cadre légal a été aussi évoqué en mentionnant les différentes lois qui ont existé au Congo régulant le domaine du numérique.
Les défis qui ressortent de cet état des lieux sont multiples. Mentionnons quelques-uns : le manque de standardisation et de normalisation dans le secteur de la santé numérique par exemple, le déficit de fourniture en énergie électrique et le manque d’infrastructure commune dans les systèmes d’information des entités publiques.
          
- Le troisième chapitre présente le plan stratégique du numérique. Le contenu de cette section est identique à celui de l’appendice 3 du PNN. Je conseille d’aller directement à cet appendice. Le plan y est plus facile à appréhender car mis sous forme de tableau.

Les 4 piliers sur lesquels repose le  plan stratégique sont : infrastructures, contenus, usages applicatifs,  gouvernance et régulation. Ces piliers s’articulent autour de 12 axes tels que le centre de données ou le capital humain ou encore la cybersécurité.  Ces axes sont à leur tour  déclinés en 24 objectifs généraux, 36 objectifs spécifiques et en 60 actions et initiatives à prioriser.
Cette priorisation des  actions se fera lors de l’atelier du 3 au 5 septembre 2019 à Kinshasa.  C’est aussi pendant cet atelier, que certaines actions non définies dans le PNN seront  formulées par les groupes thématiques.


-  Ensuite le document se clôture par des appendices qui approfondissent les aspects pratiques de la mise en œuvre du plan national du numérique. Il y en a 4 : Enjeux, opportunités, faiblesses et menaces du numérique ;  Cadre institutionnel de mise en oeuvre du PNN ; Tableau de bord de la Stratégie nationale du numérique  et Matrice des actions prioritaires et indicateurs clés

2. Points forts

Je trouve ce document audacieux. Le PNN vise à tracer une trajectoire et l’intention est à féliciter.
Le défi sera ensuite de concrétiser la vision et de se procurer les moyens à la hauteur de ce courage. Je l’ai dit dans le point précédent, le chapitre qui m’a paru le plus complet est celui présentant l’état des lieux de la situation numérique au Congo.


3. Données intéressantes issues du PNN



  •  Le backbone en fibre optique  en projection



    Actuellement, nous avons 6100 km de backbone en fibre optique déployés sur l’ensemble du territoire  par des entreprises comme la Société National d’Electricité (Snel), la Société Congolaise des Postes et Télécommunications (SCPT) et Liquid Telecom
  • Indicateurs de l’indice de développement des TICs (R.D.Congo)
    Le classement est mondial 


  • Le secteur de la téléphonie mobile se porte très bien
    Il ne suffit que de voir les revenus par trimestre en dollars.

  •  La dernière réglementation applicable à la convergence technologique relève de l’ordonnance n°87-243 du 22 juillet 1987 portant réglementation de l’activité informatique en République du Zaïre [JOZ, n°15, 1er août 1987]
  • Le néologisme illectronisme: traduction d’information-illiteracy, qui transpose le concept d’illettrisme dans le domaine de l’informatique.

4. Questions 

 Le PNN est à son premier brouillon (draft 0). J’en conclus qu’il sera sûrement revisité, amélioré et retouché. Il est donc possible que les questions que je me pose soient répondues dans le draft 1 et suivants ou après les travaux du 3 au 5 septembre.
Mais je préfère quand même les partager :


- On peut lire ceci dans le PNN : « Le PNN balise le champ pour le développement des programmes et projets spécifiques du Numérique ainsi que leur budgétisation attenante. »
Cette phrase expliquerait-elle pourquoi aucun chiffre (en termes de budget) n’ait été avancé dans le PNN ?
- Une soixantaine d’action sont reprises dans le PNN. Tous les axes considérés peuvent donner lieu à de gros projets. Et l’horizon 2025 me paraît un laps de temps trop court pour tout réaliser. Faudrait-il s’attendre que ce nombre d’actions soit réduit à la baisse après les travaux de priorisation pendant l’atelier du 3 au 5 septembre 2019?
- Qui paiera pour la réalisation de tous ces projets ?
Dans le PNN, on parle de l’Agence Nationale du développement du Numérique (ADN) qui aura aussi comme compétence de rechercher, mobiliser et canaliser les financements nécessaires à la réalisation des projets de développement numérique en RDC.
Quelle sera sa politique : des partenariats avec le secteur privé ? des prêts? Des subventions ?
- Quels seront les préréquis indispensables au lancement de cette transformation du numérique ?
- Dans la proposition de composition d’un conseil national du numérique, plusieurs ministres apparaissent mais à mon avis, deux y manquent : celui de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnelle(EPSP) et de l’Education Supérieure et Universitaire(ESU). En effet, si l’on compte renforcer le capital humain et créer de nouvelles filières de formation, il sera indispensable de changer le curriculum scolaire actuel et créer ainsi une génération beaucoup plus compétitive. Les deux ministres cités auront donc des choses à dire.  Qu’en pensez-vous ?

5. Citations

- Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables  et plus de 1.100 minéraux et métaux précieux répertoriés, la RDC pourrait devenir l’un des pays les plus riches du continent africain et l’une de ses locomotives de croissance si elle parvenait à surmonter son instabilité politique [Rapport de la Banque Mondiale sur la RDC, diagnostic systématique pays, 2018].
- Aussi, la RDC est un des plus grands pourvoyeurs en intrants indispensables à l’industrie mondiale du Numérique. Avec le développement de son secteur du Numérique, elle s’offre l’opportunité de tirer profit de la quatrième révolution industrielle.
- Par ailleurs, le Numérique est porteur d’espoirs tout autant qu’il comporte de nouvelles menaces liées à la cyberdépendance, à la cybercriminalité et aux malveillances informatiques de tout genre.[…].Contre ces fléaux, l’État doit organiser des réponses structurées, professionnalisées et efficaces de cybersécurité et de cyberdéfense. Cela procède non seulement du cadre légal adapté mais aussi des moyens de sécurité informatique
- La révolution numérique n’aura tout son sens que si la société dans son ensemble adopte les TIC dans son mode de vie.
Y a-t-il des aspects importants du PNN qui n’apparaissent pas dans ce résumé ? Avez-vous des réponses aux questions posées?  Merci de nous éclairer dans les commentaires.
Voulez-vous aller un peu plus loin sur le sujet, voici quelques liens utiles:          

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