Première année à l'école, ce que j'y ai appris

La semaine dernière, je fêtais un an dans l’enseignement secondaire, primaire et maternel. 
Laissez-moi vous résumer en six points, ce que j’ai appris en douze mois :

  1.  Une école vaut ce que valent ses professeurs. 

     J’ai la chance de travailler au Lycée Liziba comme chargée de formation et mon travail exige une étroite collaboration avec toutes les enseignantes. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute que ces dernières méritent le respect. Et avec le temps, cette certitude s’est transformée en conviction. L’enseignant est un acteur clé dans l’éducation. Il ne transmet pas aux enfants seulement ce qu’il sait, mais aussi ce qu’il est : son enthousiasme, sa passion, sa curiosité, son rythme, son esprit de travail, bref ses attitudes. Mon admiration pour le travail des enseignants était déjà grande ; en une année de travail, elle s’est décuplée. Bravo les profs !
    Professeurs de Liziba

  2. Les parents sont les protagonistes de l’éducation de leurs enfants. 

    Avec des parents impliqués, la moitié de la bataille éducative est déjà gagnée. Dans l’environnement actuel, le travail de l’école serait quasi nul s’il n’était pas accompagné par les parents à la maison. Je ne parle pas seulement des devoirs à faire à la maison, je me réfère aussi à toutes les valeurs que nous essayons de transmettre aux élèves (intégrité, honnêteté, respect, générosité). Ce ne serait que des paroles creuses si les parents n’en faisaient pas l’écho aussi à la maison. Mon jour au jour est ponctué de plusieurs rencontres avec les parents. Et j’ai pu être témoin de véritables miracles grâce à cette collaboration : des échecs scolaires évités, des mauvais penchants redressés.

  3. Tout le monde veut ses enfants bien formés, personne ne veut devenir enseignant. 
    Ici, plusieurs conversations me viennent en mémoire. Elles se déroulent en général de cette manière :
     - « que fais-tu maintenant ? »
    - « Je travaille dans une école.»
    J’adore les regards après cette réponse. Hormis quelques rares exceptions, l’interlocuteur en général te regarde comme en pensant : «Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver ? Comment a-t-elle pu terminer dans ce domaine ? » Une amie proche m’a même dit : « Excuse-moi, mais ce métier n’a rien de glamour. Je galère, mais… pardon… L’enseignement, c’est non ! » Sérieusement, je la comprends. Sans appel pour cette profession, il est difficile d’y être épanoui.

    Mais soyons sérieux, le Congo ne décollera pas tant que l’éducation sera aussi malmenée. Nous avons besoin de plusieurs personnes compétentes dans l’enseignement pour que le pays dans son ensemble s’améliore. Dieu merci, il y a encore beaucoup de personnes compétentes et dévouées. Mais l’urgence persiste : l’éducation a besoin de bras. Elle a peut-être besoin de TOI!

  4. Le numérique est un allié incontournable pour une éducation de qualité. 
    Elèves dans salle d'informatique
    Je suis informaticienne de profession (programmation web, architecte de données et techevangelist). Et quand on l’est, on le reste toute la vie. C’est assez incroyable de constater combien le numérique est absent de nos écoles. Il est vrai que les cours d’informatique existent. Mais les bulletins se font encore à la main, les fiches d’inscription aussi, la correspondance entre institutions et entre collègues est encore très souvent sur papier, bref... Il y a encore du chemin. Venir du monde tech est donc un atout pour faire bouger les lignes. C’est donc avec grand plaisir que j’ai assisté à de belles sessions de travail avec différentes équipes comme celle d’Eteyelo, de Calculus System, de Booku ou de ICT 243 qui se battent pour introduire de plus en plus le numérique dans les écoles et universités.

  5. Il y a très peu de femmes dans les sciences et encore moins qui les enseignent.
    semaine de la science à Kinshasa
    Les femmes, où sont-elles ? J’ai cherché des dames, qui pouvaient être professeures du secondaire en mathématiques, physique, zoologie, biologie et chimie. Je les ai BEAUCOUP cherchées : à l'Université de Kinshasa, à l'Université Pédagogique Nationale, à l'Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe, dans les groupes whatsapp, par le bouche à oreille. J’ai fini par trouver, mais ce fut assez éprouvant. J’adhère donc à 1000 % à toutes ces politiques, organisations qui se battent pour accroître le nombre de femmes dans les STEM (science, technology, engineering, and mathematics) - je viens d'apprendre qu'en français, on dit STIM- J’en profite pour remercier Mme Raïssa Malu qui organise chaque année à Kinshasa la journée de la science. C'est un événement qui aide aussi à susciter des vocations de scientifiques chez les jeunes filles.

  6. Le bonheur appartient à ceux qui ressemblent aux enfants. 

    Mon pain quotidien a été d’apprendre des enfants. Je ne compterai pas les moments de pleurs ou de caprices qui sont normaux quand on est enfant, et qui sont en général passagers. Ce qui interpelle le plus des enfants, c’est leur simplicité, leur enthousiasme, leur bonne humeur et leur soif de découvrir. Tous les ingrédients pour être heureux. Les moments à "la ronde" avec eux ont été une réelle école. Quand ils tombent, ils se relèvent. Quand tu vas leur raconter une histoire, leurs yeux brillent. Quand ils te disent bonjour, c’est toujours comme si c’était la première fois. Ce fut belle année, riche en événements, en rencontres et en apprentissage. J’espère ne pas perdre ce goût pour la découverte. Merci à tous ceux qui m’aident dans cette nouvelle aventure. Et j’espère que cette année n'est que la première de beaucoup d'autres.

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